Suite aux 2 articles
https://billetdebonnehumeur.blog/2018/04/14/jai-decide-de-quitter-mon-entreprise-apres-23-annees-danciennete-1 et https://billetdebonnehumeur.blog/2018/05/02/jai-decide-de-quitter-mon-entreprise-apres-23-annees-danciennete-2
cela va faire maintenant 6 mois que je suis sortie du système du salariat ! Que le temps passe vite.
Alors qui suis-je? dans quel état j’erre ? Ou cours-je? Bruno Masure.
Qui suis-je?
plus tout à fait la même ni tout à fait une autre, un « meilleur moi », je dirais un « moi » qui me ressemble et qui me redonne confiance! Il était temps à 48 ans de me donner les chances de me retrouver.
Cette métamorphose est liée au chemin parcouru pour créer ma petite entreprise. Elle est également issue de la courbe du changement, une courbe parfois difficile mais salutaire.
Dans quel état j’erre?
Le fait de quitter mon statut de salarié m’a fait quitter ma zone de confort : 25 ans dans la même entreprise, une 2ème famille en somme (on passe quand même plus de temps avec ses collègues au bureau qu’avec sa famille et ses amis).
TOUT D’ABORD…
J’ai fait le deuil de ma vie de salariée. J’ai connu la courbe du deuil ou courbe du changement. Même si la situation a été choisie, j’ai demandé une rupture conventionnelle, il n’empêche que je suis passée par différents états émotionnels.
– le déni : j’ai eu du mal à réaliser que j’étais partie de mon entreprise et qu’il n’y aurait pas de retour en arrière possible. Je n’ai pas conscientisé de suite. J’avais l’impression d’avoir pris de très longues vacances. D’ailleurs, il m’arrive encore de dire « nous » quand je parle de mon ancienne boîte (sic). Et puis je me disais « ai-je bien fait? n’aurais je pas dû rester dans l’entreprise? »
J’ai également ressenti de la colère vis à vis de l’entreprise et de mon manager. Pourquoi n’ont ils pas vu que je n’étais pas en phase avec le nouveau management? Pourquoi ne m’ont ils pas accompagnée? Et de la colère contre moi : « j’aurais dû me satisfaire de ma situation, je ne suis jamais satisfaite, il y a pire comme situation professionnelle… »
– la résistance : je ne connaissais que le statut de salariée et ce changement n’a pas été si facile à appréhender. J’ai passé quelques semaines à ne rien faire, à rester chez moi. Cette étape a été est assez douloureuse pour moi. J’étais dans un mode végétatif et bizarrement, malgré ma non-activité, je faisais de l’hypotension et n’avais aucune force.
– l’expérimentation : le bilan de compétence m’a vraiment permis de savoir ce que je voulais et ce qui faisait sens pour moi. Je ne l’aime pas trop cette expression « faire sens » car elle est tellement galvaudée et en même temps elle est tellement profonde et vraie.
J’ai fait quelques tests sur le mois d’octobre pour m’assurer que l’activité choisie était bien celle que je voulais et correspondait bien à l’idée que je m’en faisais. Banco. Ouf !
En même temps, j’ai envie d’écrire que si cela n’avait pas été le cas, cela aurait pu être très déstabilisant, certes. Mais ce qu’il faut savoir c’est que la démarche de création nous invite assez facilement à rebondir et à trouver des idées pour avancer.
– l’intégration : la vie de salariée est derrière moi, je ne dis pas que je n’y reviendrai pas un jour mais aujourd’hui, cela fait partie de mon passée.
Aujourd’hui, je me lance.
Ah oui, pour votre information, je vends sur les foires aux plantes, événements et marchés, des plantes pour les jardins (arbustes, vivaces, rosiers, grimpantes, bulbes…). Et ma petite entreprise s’appelle : La Jardinerie Buissonnière.
L’objectif de ma petite entreprise est double :
– inspirer, accompagner et conseiller les clients pour la végétalisation et le fleurissement de leurs extérieurs (jardins, balcons, terrasses, appuis de fenêtre, rues);
– créer un rendez-vous convivial autour du jardinage, un lieu de rencontre où les habitants prennent plaisir à se retrouver pour échanger leurs bonnes pratiques, découvrir de nouvelles plantes et passer un bon moment.
PUIS…
J’ai ressenti et vécu une sensation de totale liberté : « je vais pouvoir faire ce que je veux ». Cette sensation est possible car Pôle Emploi m’accompagne pendant 2 ans et même si les mensualités baissent versus mon ancien salaire, chaque début de mois j’ai une rentrée d’argent . Libérée de cette question primordiale « de quoi vais je vivre », j’ai bien profité de ce premier trimestre. Et quand je dis « bien profité » ce ne sont que de petits changements. Et pourtant ces petits changements rendent mon quotidien agréable et léger.
La première chose, c’est la suppression du réveil matin (sauf si rendez-vous évidemment). Et ça, même quand on est une lève tôt comme moi, c’est ultra appréciable. Je « petit déjeune » tranquillement, fais des calins à mes chats et regarde Télématin (oui, je suis une inconditionnelle et comme je le faisais quand j’étais salariée, je garde cette bonne habitude pour ne pas trop « perturber mon esprit ».).
Et en journée, je m’octroie des sorties (une balade, un café avec un ami, un cinéma). C’est important de savoir sortir de chez soi.
Je n’ai pas su le faire de suite. J’avais une forme de culpabilité d’avoir la chance de travailler pour moi et chez moi. Cette culpabilité commence à peine à s’en aller. Je suis sur la bonne voie.
Ces « coupures » sont primordiales pour notre équilibre mental et physique. Je ne sais pas vous mais je le vivais déjà quand je faisais du télé-travail. Bizarrement, quand on bosse de chez soi, on travaille beaucoup plus qu’au bureau. On est concentré et on ne lève pas le nez de ses dossiers. J’ai commencé par faire la même chose au début. Et je me suis rendu compte d’une part que c’était exténuant (car oui, j’oublie de vous le dire mais quand on travaille de chez soi, c’est 7 jours sur 7, il n’y a plus vraiment de distinction entre les jours de la semaine et le week-end en tout les cas dans mon activité). Et le point important c’est aussi que si on choisit d’être auto-entrepreneur, c’est aussi pour pouvoir organiser son temps comme on le souhaite.
Alors on s’octroie cette liberté, on la mérite!
Cet état de totale liberté ne signifie pas qu’on ne travaille pas. C’est juste qu’on a mis en place une organisation différente. On entends de temps en temps « ah, c’est cool pour toi, tu es en vacances tout le temps en fait ! ». Ce dont ils n’ont pas conscience c’est que si on ne travaille pas, on n’a pas de rentrée d’argent ! Alors qu’au bureau, on peut se mettre en mode « je me la coule douce et le salaire tombe quand même en fin de mois ». Désolée pour cette phrase mais s’il y a bien une chose qui m’insupportait dans l’entreprise c’était les collaborateurs qui n’en foutaient pas une et qui osaient se plaindre de leur statut, leur job ou leur rémunération.
Oups, j’ai l’impression de tirer sur le statut de salarié, bizarre, aurais-je fait le bon choix?
Et le mental dans tout ça? Les jours se suivent et ne se ressemblent pas…Certains jours, je suis au taquet, je travaille efficacement. Mes actions ont des retours positifs et cela me met en joie et je suis fière de moi. Et d’autres jours, l’ennemi de l’auto-entrepreneur arrive sans crier garde : la procrastination !
Bon, je vous rassure, tous les auto-entrepreneurs que je rencontre ont ce même symptôme. Ce n’est pas grave mais il ne faut pas que ça dure.
D’ailleurs, pour cela, j’ai une solution assez simple : l’agenda !
Ce symptôme est un peu compliqué à maîtriser pour moi car j’ai une activité très saisonnière. Mes ventes se font de mars à fin octobre avec un petit break en août. Il me semble entendre « elle travaille à mi-temps », sans doute encore cette « culpabilité »…
Et bien non, cette période est primordiale car elle me permet de préparer ma prochaine saison. Sur cette période que je vis actuellement, je me suis mis en place des rituels pour combattre la procrastination.
- 1er rituel : un petit programme sportif (photo du blog Back on pointe)
Comme j’ai une activité assez physique, je me prépare un programme sportif léger pour être en forme sur la pleine saison. Je fais quelques gestes quotidiens pour renforcer le dos, muscler les bras et raffermir les abdos (bien cachés, mais ils sont bien là). Ce geste ultra efficace, pour le pratiquer depuis quelques temps déjà, est la planche.
Et je fais à minima une sortie marche ou vélo ou natation par semaine. Cela ne prend pas beaucoup de temps et cela me permettra d’être en forme sur la pleine saison où je n’aurais pas forcément le temps de faire du sport.
- 2ème rituel : un planning de communication pour les réseaux sociaux.
Je prépare les communications pour les mois forts de mon activité. En pleine saison, je n’aurais pas le temps. Alors je les programme.
- 3ème rituel : le réseau.
Je suis à l’écoute de tout ce qui se passe sur mon activité et autour de moi. Je participe dès que je peux à des déjeuners d’auto-entrepreneuses, lis des articles et suis des formations, à minima une fois tous les quinze jours.
- 4ème rituel : non négociable : l’agenda.
L’agenda est très important pour l’organisation et pas seulement pour noter les rendez-vous. Cela permet de bloquer des plages horaires sur des sujets précis à traiter. Et parfois il est bon de ne rien noter sur une après-midi pour permettre l’imprévu ou le fait de ne rien faire…
Je reviens juste deux secondes sur le statut de salarié, souvenez-vous : une pause clop, une pause café, une pause clop, une pause café, au final on peut dire que pendant 2 heures on a rien fait, vous êtes d’accord?
Ah, oui, j’oubliais, dans son agenda, on note aussi ses activités (sportives, culturelles, spirituelles) car souvent au début on ne trouve même plus le temps pour ses activités qui sont importantes pour notre équilibre.
Salariée, j’étais souvent fatiguée en rentrant à la maison le soir et ne trouvais pas le temps de pratiquer une activité. Aujourd’hui, je suis inscrite à un cours de théatre qui commence à 20H30 ce qui me laisse une bonne journée de travail. Et cette pratique me fait un bien fou.
Où cours-je? vers mon objectif du lancement de ma petite entreprise au 1er mars 2019. Il y a encore pas mal de choses à faire, il faut d’ailleurs que je planifie cela dans mon agenda mais je suis sur la bonne route.
Petit récapitulatif de mes 6 premiers mois :
Les points positifs :
- l’activité choisie car elle fait sens pour moi;
- les nombreuses antennes qui accompagnent les auto-entrepreneurs : CCI et BGE : formations et ateliers gratuits;
- les rencontres humaines;
- les groupes d’auto-entrepreneuses sur les réseaux sociaux : bienveillance et entraide;
- la satisfaction de monter sa « petite entreprise »;
- l’apprentissage quotidien (de par l’activité, les rencontres, les événements, les lectures);
- une « putain » (excuser le terme mais cela faisait si longtemps que je dormais) envie d’avancer et de réussir;
- la liberté d’organisation de notre temps.
Les points moins positifs :
- la gestion du temps, c’est un vrai exercice quasi quotidien (ça se gère avec un agenda);
- travailler seule chez soi (on a les solutions pour les paliers);
- se faire connaître et trouver des clients (un travail quotidien);
- au démarrage, le salaire n’est pas élevé et il est fluctuant car lié à nos clients (c’est un bel objectif à travailler et il nous booste).
Personnellement, je ne change pas de statut pour bien gagner ma vie mais pour être en phase avec mes valeurs et travailler chaque jour avec plaisir et en sachant pourquoi je le fais. J’ai accepté le fait de gagner moins.
Ce que je trouve incroyable dans ce statut, c’est que l’on fourmille d’idées pour trouver des solutions aux difficultés rencontrées. On se fixe des objectifs pour lever ses difficultés et cela nous motive (certains jours plus que d’autres certes, mais n’est ce pas ainsi pour tout être humain?!). On se découvre plus créative, plus débrouillarde, plus dynamique que ce que l’on croyait. Pour ma part, je pense que je m’étais vraiment endormie dans l’entreprise et que je me laissais balloter au grès des événements. Aujourd’hui, les événements me permettent d’avancer et de construire ma route.
dessin Thierry Le borgne
Ce que j’ai envie de vous dire… si vraiment votre travail ne vous convient plus et si votre situation personnelle vous le permet
OSEZ
OSEZ vous renseigner, OSEZ vous lancer, OSEZ vous faire confiance
et comme me disait ma coach (Aurélie Defreyne) : on est pas à l’abri d’un succès !